Jeune installée à Ussat, Sophie Alzieu a réalisé son désir de devenir éleveuse en Haute-Ariège
Extrait du Terres d'Ariège du 2 mars 2012
“J’ai passé toute ma jeunesse dans les bergeries et les étables en accompagnant mes parents vétos”
La passion de Sophie pour l’élevage n’est donc pas nouvelle. Pourtant, elle a fait quelques détours avant de relever le défi : s’installer en Haute-Ariège en tant qu’éleveuse. Après une formation
d’ingénieur à l’ENITA de Bordeaux, option Productions Animales, elle a continué sur une formation en marketing agroalimentaire à Toulouse, pour approfondir l’aspect commercialisation des produits. Elle s’est ensuite engagée comme commerciale, mais très vite le contact direct avec le monde agricole lui a manqué. Elle est alors devenue animatrice des Jeunes agriculteurs du Cantal, puis elle est revenue dans le département en entrant à l’Association Ariégeoise d’Eleveurs de Bovins (AADEB). Cependant, son désir d’installation se précisant, elle s’est rapidement tournée vers un stage de 6 mois en veau sous la mère. L’occasion pour elle d’apprendre énormément de gestes techniques, mais surtout de se poser “les bonnes questions” : était-elle vraiment certaine de vouloir devenir agricultrice ? De vouloir produire des veaux sous la mère ? Souhaitait-elle s’installer seule ou avec un associé ? Elle a décidé très vite qu’elle voulait travailler seule, pour être seule responsable de ses décisions. Du coup, le veau sous la mère ne semblait plus être une production adaptée : elle était consciente que seule, elle allait avoir du mal à gérer des situations nécessitant une grande force physique, comme des vêlages difficiles. Elle s’est donc vue obligée de redéfinir son projet.
Ses critères étaient précis : elle voulait s’installer en Haute- Ariège, en élevage transhumant. En effet, le maintien des traditions et des liens entre territoires est à ses yeux fondamental. Ce n’est pas pour rien que ses chevaux sont des mérens. Elle est attachée aux races locales. C’est d’ailleurs par le biais de ses chevaux qu’elle a rencontré les éleveurs dont elle a repris l’exploitation. A partir du moment où ce couple lui a exprimé leur désir de transmettre leur élevage ovin à Ussat, elle s’est très vite décidée. La manipulation des brebis est possible pour une femme seule, et l’exploitation correspondait à tous ses autres critères. Elle est donc installée depuis le 1er janvier 2012 avec 250 brebis tarasconnaises, sur la commune d’Ussat.
Malgré un démarrage marqué par un hiver très rigoureux, le retour des beaux jours lui a permis de ressortir ses brebis, pour son plus grand plaisir. “Garder les brebis, un sport de femme”, dit-elle en riant. Cependant, c’est une activité qui lui prend beaucoup de temps : du fait du parcellaire très morcelé sur le versant, il lui est impossible de clôturer. Elle doit donc garder ses brebis toute la journée. Ce qui lui permet de les découvrir et les apprécier de plus en plus, elle qui se voyait plutôt travailler avec des vaches. Elle souligne qu’il est plus facile de créer des liens avec les brebis. Peut-être aussi, se demande-t-elle sans vouloir tomber dans les clichés, car les femmes ont une plus grande sensibilité et patience que les hommes face à leur troupeau.Contrairement aux idées reçues, le fait d’être une femme ne l’a aucunement pénalisée lors de la présentation de son projet. “Ce qui choquait le plus les gens, ce n’était pas que je sois une femme, mais que je sois célibataire, et donc que je choisisse de travailler seule”. Aujourd’hui, elle pense même que les gens des alentours ne viendraient pas discuter autant avec elle si elle était un homme. Cependant, elle ajoute qu’elle va devoir modifier sa bergerie, conçue il y a 30 ans pour un homme. Elle se voit par exemple obligée de manipuler des balles de 200 kg, travail très pénible pour elle. Elle a donc un projet d’amélioration du bâtiment.
Entre autres projet d’ailleurs, car elle est en constante réflexion pour optimiser au mieux l’exploitation. S’installer était en effet son premier défi, brillamment relevé, mais elle se dit prête et motivée à se fixer la barre toujours plus haut. Au vu de sa détermination et de son dynamisme, on ne doute pas une seconde qu’elle saura mener à bien tous ses projets !